On ne va pas se le cacher, la disparition d’Akira Toriyama en plein bouclage, alors que nous venions de lui consacrer le dossier de notre précédent numéro, ça a jeté un froid. D’autant que ce n’est pas le premier mangaka qui disparaît alors que l’on venait de louer son travail sur plusieurs pages. Une malédiction ? On croise les doigts pour que rien n’arrive à Katsuhiro Ōtomo dans les semaines à venir, sinon ce n’est plus un magazine que nous faisons, mais un véritable Death Note. Plus sérieusement, il serait peut-être temps que l’industrie du manga (et de l’animation) se penche sur cette mortalité surélevée des artistes et remette un peu en question cette insupportable pression qu’elle inflige à ses stars. Combien de séries à l’arrêt, à l’abandon ou à jamais interrompues en raison de mangakas malades, affaiblis ou mentalement épuisés ? Car en y regardant de plus près, peut-être que les éditeurs et studios pourraient se rendre compte que cette pression pour produire toujours plus, toujours plus vite, n’est en aucun cas un bon calcul financier si les auteurs finissent par disparaître prématurément. On s’est du coup penchés dans ce numéro sur les mangakas qui parlent justement de leur expérience, et si certains s’amusent des travers du secteur, d’autres s’en inquiètent ouvertement. Même à demi-mot, il suffit de lire Look Back de la nouvelle star qu’est l’auteur de Chainsaw Man, Tatsuki Fujimoto, pour comprendre la détresse dans laquelle les plonge parfois leur (sur)activité. Espérons seulement une prise de conscience du secteur afin que nos mangakas favoris ne connaissent pas la même fin précoce que Maître Toriyama, qui fut un guide pour tant d’entre eux…